172. Varlets de Vire

Chanson médiévale, France. Tirée du Manuscrit de Bayeux (XVe siècle).

(Ref.)
Ce sont varletz de vire, varletz
Ce sont varletz de vire !

1.
Et qui sont ces gentilz gallans
Qui viennent voir m'amye
Sont-ilz venus de si hault lieu
Leur oseroit-on dire ?
(Ref.)

2.
"Et qui vous passera le boys
Dictez, ma doulce amye"
"Nous le passeron cette foys
Sans point de villennye"
(Ref.)

3.
Quand elle fust au boys si beau
D'aymer il l'a requise
Je suis la fille d'ung meseau
De cella vous advise
(Ref.)

4.
"De Dieu soit mauldict le merdier
Qui la fille a nourrie
Quant il ne la mect a mestier
Ou qu'il ne la marrie
(Ref.)

5.
Ou ne la faict en lieu bouter 
Qu'homme n'en ait envie."
Quand elle fust dehors du boys
Et ce print a soubz rire
(Ref.)

6.
Belle qui menez tel degoys
Dictez moy, qu'esse a dire
El respondit a basse voix
L'on doibt couart mauldire
(Ref.)

7.
Je suis la fille d'ung borgeoys
Le plus grant de la ville
Fame je ne croyray d'ung moys
Tant soit belle ou habille
(Ref.)

Traduction en français moderne (approximative, non vérifiée):

(Ref.)
[Signification incertaine]
Ce sont de jeunes hommes de bal
ou
Ce sont des Vaudevires [chants et textes généralement grivois, de la région du Val-de-Vire en Normandie]

1.
[Le petit ami s’exclame: ] Mais qui sont ces jeunes hommes qui viennent voir mon amie ? Viennent-ils vraiment d’une si haute caste ? Oserait-on le dire d’eux ? (ou : oserait-on leur parler ?)

2.
[L’un d’entre eux dit: ] « Et qui vous fera traverser le bois, dites, eh mademoiselle ? » [Son compagnon répond: ] « Nous le traverserons cette fois sans l’aide de la vilainie » (= de la racaille ?)

3.
Quand elle fut dans la forêt, il [l’assaillant] lui a demandé de l’aimer. [Elle répondit]: « Je suis la fille d’un lépreux, de cela soyez averti ! »

4.
[L’assaillant dit: ] « Que Dieu maudisse le fumier qui nourrit cette femme, sans la mettre à l’office (= à l’ouvrage, à la cuisine, etc.) ou sans la marier.

5.
Ou qui ne la frappe pas, pour qu’aucun autre homme n’en ait envie ! » Quand elle fut dehors du bois, elle se mit à sourire.

6.
[Le petit ami dit: ] « Belle, vous êtes tant joyeuse, dites-moi pourquoi ? » Elle répondit à voix basse : « On doit maudire les lâches!

7.
[En fait] je suis la fille d’un bourgeois ! Le plus grand de la ville ! »
[Le petit ami dit: ] « Je ne te crois pas, aussi belle et propre que tu sois ! »

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